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Croix-Rouge de Belgique

Explosion du sans-abrisme : la Croix-Rouge en première ligne

Nous sommes mercredi matin, en plein cœur de Charleroi. Les commerçants commencent à accueillir leurs premiers clients. Assis sur un banc situé sur le trottoir, entre les arbres, se tient un groupe de personnes sans-abri. Ils se retrouvent après une nuit de plus passée dehors, chacun de leur côté.

C’est là que nous rencontrons Lydia, alors que nous sommes en pleine tournée en rue auprès de personnes sans-abri. La jeune femme de 30 ans est seule avec son compagnon. Emmitouflée dans sa veste rose pâle et son bonnet Mickey, elle se confie sur son triste parcours : « La maman de mon compagnon nous hébergeait, mais elle est tombée malade et n’a pas suivi avec les factures et le reste… Du jour au lendemain, on nous a mis dehors. On a d’abord dormi deux semaines dans la rue, sans rien. Depuis août, on dort sous tente. Malheureusement, quelqu’un est venu ravager la tente donc les couettes sont toutes sales… Quand on est sans-abri et sans argent, c’est compliqué de faire son linge. C’est aussi difficile de trouver des vêtements et de rester propre. » 

Le sans-abrisme, un phénomène inquiétant et en constante augmentation

En Wallonie, on estime à 19.055 le nombre de personnes sans chez-soi, dont 4.713 enfants. A Bruxelles on dépasserait désormais les 7.000 personnes (chiffres de 2022) : de 2008 à 2024 à Bruxelles, le nombre de personnes dormant en rue a presque quadruplé.

Le phénomène ne se limite plus aux grandes villes : environ 30 % des sans-abri vivent dans des communes de petite ou de moyenne taille. Les femmes représentent environ 1 personne sans abri sur 3, mais elles sont souvent moins visibles que les hommes, car elles trouvent plus fréquemment refuge chez des tiers ou dans des structures temporaires.

Intensification des actions Croix-Rouge

Dans tout le réseau Croix-Rouge, les activités envers les personnes sans-abri s’intensifient année après année et perdurent désormais toute l’année, hiver comme été .

En raison du froid à venir, les entités locales ont reçu des couvertures et des sacs de couchage et sont disposées à augmenter leur aide. Au total, 350 volontaires vont à la rencontre des personnes sans chez-soi. Plus de 660 maraudes ont permis un total de 35.000 rencontres l’année passée.

A Bruxelles

  • 11 sections locales couvrent chaque jour le territoire bruxellois avec jusqu’à 16 tournées hebdomadaires. Celles-ci mettent l’accent sur le lien social tout en répondant à des besoins immédiats et urgents, grâce à la distribution de café, thé, sandwichs, produits d’hygiène, vêtements chauds et couvertures, plus petits soins pratiqués à même la rue. 
  • Deux chauffoirs/accueils de jour offrent la possibilité de se réchauffer, de se restaurer, de prendre une boisson chaude, d’accéder au Wifi, mais également de partager un moment convivial. 
  • Fréquentation du Hub Humanitaire : en moyenne 350 personnes par jour . Depuis janvier 2024, en moyenne 40 à 50 familles sans solution d’hébergement sont comptabilisées chaque mois. 
  • Deux centres d’hébergement d’urgence sont à leur capacité maximale : le centre Belliard héberge une centaine d’hommes isolés, tandis que le Train Hostel accueille des familles avec enfants. 
  • Un centre médical d’urgence – le Refugee medical point– assure un suivi médical inconditionnel à toutes les personnes de la rue. 

En Wallonie  

  • Depuis quelques années, la Croix-Rouge multiplie ce modèle des « tournées » de rue dans d’autres villes, notamment à Mons et à Charleroi, ainsi qu’à Arlon en période de froid extrême. 
  • A Tournai, les bénévoles de la Croix-Rouge proposent un accueil en soirée chaque jour durant la période hivernale, y compris les jours de fête. Tandis qu’un dispositif mobile va à la rencontre des migrants en transit. 
  • Plusieurs Maisons Croix-Rouge proposent des accueils de jour et/ou bars à soupe : La Louvière, Couvin, Verviers, Liège… Ces lieux offrent un moment de répit aux personnes dans le besoin, mal logées ou sans-abri : ces lieux qui faisaient partie d’un dispositif hivernal à leur origine, sont souvent devenus permanents pour répondre aux besoins sans cesse en hausse. 
  • A Charleroi, des volontaires Croix-Rouge font des permanences à l’accueil du projet Wash & Care, une buanderie sociale en soutien aux personnes sans-abris au sein de l’abri de nuit Dourlet du CPAS de Charleroi 


La Croix-Rouge, qui poursuit son engagement de chaque instant en faveur des personnes vulnérables, ne peut qu’exprimer ses inquiétudes face au manque de solutions pérennes. L’urgence n’est pas simplement d’offrir un abri provisoire pour la nuit, mais de créer un parcours de soutien, un chemin vers la stabilité et la réinsertion sociale.

Il y a des histoires que vous pouvez changer.

Pour soutenir nos actions envers les personnes sans-abri, faites un don.