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Croix-Rouge de Belgique
17.10.2024 |

Survivre avec 9€ par jour : le visage caché de la pauvreté en Belgique 

Imaginez-vous ouvrir un frigo vide, frissonner dans un appartement glacial, ou compter chaque centime pour survivre jusqu’à la fin du mois. Pour 2,15 millions de Belges, soit l’équivalent des populations de Bruxelles et Gand réunies, ce n’est pas un cauchemar, mais leur réalité quotidienne.  

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, plongeons dans cette réalité souvent invisible mais omniprésente dans notre pays. Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, souligne la complexité de la situation :

« Parmi ces 2 millions, 663.000 sont en situation de privation matérielle sévère, c’est-à-dire qu’ils ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins essentiels en matière de logement, d’alimentation, de santé, ou d’accès aux loisirs. » 

Bruxelles : les inégalités poussées à l’extrême

Dans notre capitale, cette réalité est particulièrement frappante. Des personnes très diplômées gagnant bien leur vie côtoient des personnes beaucoup moins qualifiées qui peinent à joindre les deux bouts.

« Les loyers augmentent sous la pression des hauts revenus. Aujourd’hui, à Bruxelles, les 10 % de la population les plus pauvres n’ont plus que 9 € par jour et par personne pour vivre après avoir déduit les dépenses liées au logement. C’est tout à fait inquiétant », poursuit Olivier De Schutter. 

De nouveaux visages de la précarité

Une mère célibataire qui doit choisir entre payer le loyer ou acheter des fournitures scolaires pour ses enfants, un étudiant qui enchaîne les jobs précaires pour financer ses études, au risque de compromettre sa réussite : ce ne sont pas des cas isolés, mais le quotidien de nombreux Belges.

La précarité touche d’ailleurs de nouvelles catégories de personnes, comme les étudiants et les travailleurs à bas salaires. Malgré l’existence d’un salaire minimum, De Schutter souligne que « être au travail n’est plus une garantie d’échapper à la pauvreté » en raison de la multiplication des emplois précaires et des sous-statuts. 

Les conséquences sur la santé et l’éducation

La pauvreté ne se limite d’ailleurs pas à un manque de moyens. Elle s’immisce dans tous les aspects de la vie : de l’alimentation à la santé, en passant par les relations sociales. 

« L’alimentation est la variable d’ajustement des ménages en situation de précarité. On constate donc que c’est au sein des ménages précarisés qu’on mange le plus mal. Cette malbouffe entraîne des problèmes de santé graves comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Combinée à une exposition accrue à la pollution, cette situation réduit significativement l’espérance de vie des personnes à faibles revenus en Belgique par rapport à celles ayant des revenus plus élevés. » 

La différence d’espérance de vie peut atteindre huit ou neuf années entre les hommes à faibles revenus et ceux vivant avec des revenus plus élevés. Sur le plan scolaire aussi, la précarité joue un rôle déterminant.

« Les enfants nés dans des familles en précarité financière sont particulièrement désavantagés à l’école. Ils vivent souvent dans des logements insalubres et surpeuplés, exposés à la pollution sonore, ce qui nuit à leurs études. À l’école, ils sont parfois victimes de harcèlement ou de moqueries parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’habiller comme leurs pairs. Ces enfants sont donc fréquemment orientés très tôt vers des filières techniques ou professionnalisées. Ils ne sont pas amenés à rêver à un avenir différent que celui qu’on leur prépare. » 


Face à ces réalités, il est crucial de rester sensible aux questions de pauvreté et de ne pas stigmatiser ceux qui en souffrent. En tant qu’organisation humanitaire, nous œuvrons à réduire ces inégalités. Chacun d’entre nous peut faire la différence, que ce soit par des actions concrètes de solidarité ou simplement en changeant notre regard sur la pauvreté.

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