Ukraine: un soutien psychosocial pour les personnes qui arrivent en Belgique
Les équipes du SISU (Service d’intervention psychosociale urgente) de la Croix-Rouge sont présentes au Heysel mais également pour soutenir les communes qui le demandent.
Depuis le début du conflit en Ukraine, la Croix-Rouge de Belgique travaille en étroite complémentarité avec les autorités et met tout en œuvre pour que le premier accueil en Belgique des personnes fuyant l’Ukraine se déroule dans les conditions les plus dignes et humaines possibles. Outre l’accompagnement et l’orientation des personnes dès la procédure d’enregistrement au Heysel, la Croix-Rouge mobilise également les spécialistes du Sisu, le Service d’intervention psychosociale urgente.
Le Sisu comprend des intervenants psychosociaux formés à la psychologie de crise, à l’accueil et à l’accompagnement psychosocial. Leurs maîtres mots : lien, accueil et soutien adapté. Le Sisu a été mobilisé lors de nombreuses situations exceptionnelles en Belgique, qu’il s’agisse des attentats de Bruxelles, de la crise covid, de la catastrophe des inondations et plus récemment du drame du Carnaval à Strépy.
Présence au Heysel
55 intervenants psychosociaux du Sisu sont intervenus au Heysel depuis le début de la crise. Les missions consistent à soutenir la population ukrainienne souffrant d’anxiété, de symptômes de stress sévère, de mal-être ; mais aussi à soutenir les intervenants de cette prise en charge (personnel de l’Office des étrangers, personnel Croix-Rouge, interprètes…).
« Les personnes sont isolées et inquiètes », explique Gwenaëlle Vanderborght, manager du Sisu. « Elles ont des pertes de repères, sont extrêmement fatiguées et se demandent ce que deviennent leurs proches restés au pays. Elles ont du mal à se projeter dans un futur ici : combien de temps vont-elles rester en Belgique ? Il y a une perte de contrôle, de maîtrise de la situation qui crée de la tension, de l’incompréhension… Et à côté il y a les interprètes qui ont un rôle primordial mais emmagasinent aussi beaucoup d’émotions ».
Les volontaires du Sisu procurent une première écoute, en collaborant avec les différents partenaires (Fedasil, Office des Etrangers, secouristes, bénévoles…), ils informent la population ukrainienne sur les procédures et s’assurent du bien-être des intervenants.
Soutien dans les communes
Parallèlement, des dispositifs de soutien psychosocial ont été mis en place à l’échelle des communes depuis la mi-mars. Une dizaine d’intervenants du Sisu sont impliqués. A ce jour, 8 communes wallonnes ont fait appel à l’expertise du Sisu. Cela se traduit notamment par le conseil aux communes et le développement de débriefings et d’espaces de parole à destination des traducteurs, des intervenants communaux et des hébergeurs.
« Cela permet d’offrir un espace-temps visant à favoriser l’échange entre pairs, et, à travers cela, d’exprimer son vécu et de partager des ressources. Il faut réaliser que les Ukrainiens se retrouvent dans un contexte inconnu d’eux. Les accueillants peuvent être très sympathiques et soucieux de bien faire, mais il faut mettre en avant le besoin d’autonomie des personnes : on ne peut leur enlever la liberté de leur choix et de leurs actions. Il est nécessaire de les intégrer mais aussi de leur donner un espace où se retrouver entre eux afin de renforcer le partage social ».
Enfin, il s’agit aussi d’organiser des sessions de « psychoinformation » à destination des familles d’accueil et des personnes ukrainiennes. Au travers de séances d’information, on favorise l’échange verbal : quelles sont les réactions que l’on peut développer face au stress intense, comment déceler les signes de mal-être, d’anxiété, etc
« On donne ici des informations relatives aux réactions de stress et aux points d’attention spécifiques concernant la situation vécue par les personnes ukrainiennes et les familles accueillantes : en normalisant le vécu de chacun, on crée du lien pour favoriser à nouveau le partage social ».
Les importantes missions du Sisu sont appelées à se poursuivre. Les communes qui souhaitent faire appel à ce service peuvent contacter le numéro d’appel 105 de la Croix-Rouge.