Enquête: 9 Belges sur 10 touchés financièrement et psychologiquement par la crise sanitaire
Un an après le début de l’épidémie de Covid-19 en Belgique, la Croix-Rouge de Belgique s’est intéressée à l’impact psycho-social et financier de celle-ci sur les Belges au cours des douze derniers mois, et les résultats laissent pantois.
Près de 9 Belges sur 10 rapportent faire face à des difficultés financières, des troubles psychologiques, une période de chômage temporaire ou une perte d’emploi. Les principaux résultats de l’enquête (1) s’articulent autour de quatre axes : les difficultés financières, les conséquences psychologiques, l’emploi et l’aide aux plus démunis.
40% des Belges se serrent la ceinture
Près de 40% des Belges (39,3 %) indiquent que leur budget alimentaire a été impacté par la crise sanitaire au cours des 12 derniers mois et qu’ils ont dû faire des sacrifices pour se nourrir. Près d’un quart des Belges (22,9 %) déclare en effet avoir dû se tourner vers une gamme de produits de première nécessité et/ou des denrées alimentaires moins chères que celles auxquelles ils sont habitués, un chiffre qui monte à 33,1% chez les répondants de moins de 34 ans.
Sur le terrain, la Croix-Rouge de Belgique a en effet constaté une augmentation globale de 32 % de l’aide alimentaire délivrée dans ses 65 points de distribution, celle-ci ayant même été multipliée par cinq par endroits. Triste réalité, l’aide aux plus démunis prend de l’ampleur et les distributions de colis alimentaires sont de plus en plus populaires, avec au moins 300 colis distribués chaque jour.
L’emploi des jeunes en prend un coup
Plus d’un quart des Belges de moins de 34 ans déclare faire face à une période de chômage temporaire (27 %), et plus d’un belge sur dix âgé de moins de 34 ans (12,3 %) est confronté à une perte d’emploi.
Depuis avril 2020, la Croix-Rouge constate une demande accrue d’aide alimentaire parmi les jeunes et les étudiants, les files s’allongeant chaque semaine dans les points de distribution de colis alimentaires. En 2020, les Maisons Croix-Rouge ont distribué un total de près de 163 000 aides alimentaires.
Les restrictions sociales plombent le moral
L’enquête se penche également sur les éléments ayant le plus d’impact sur le moral des Belges. À la première place, on retrouve les restrictions sociales (61,1 %), loin devant tous les autres. Chez les plus de 55 ans, ce chiffre atteint même les deux tiers (66,8 %). La maladie se glisse à la deuxième place (9 %), tandis les difficultés financières suivent de très près (8,2 %).
Grâce à son service de soutien psychosocial la Croix-Rouge a pu apporter de l’aide à des personnes souffrant d’isolement ou de troubles psycho-sociaux. Près de 1600 appels téléphoniques ont été traités au call center fédéral au début du premier confinement.
Pour permettre aux jeunes et aux moins jeunes d’exprimer leur mal-être, la Croix-Rouge a également développé une série de supports ludiques permettant à la population d’exprimer ses émotions. On y retrouve, entre autres, le jeu de cartes “Et toi, comment tu vas ?”, qui aide à exprimer son ressenti.
Tous concernés, tous impliqués
Malgré les difficultés auxquelles la grande majorité de la population n’échappe pas, le Belge reste solidaire. En effet, environ 6 Belges sur 10 (57 %) déclarent être prêts à aider les plus vulnérables, que ce soit par le biais d’un don matériel ou de denrées alimentaires, en donnant de son temps ou en faisant un don d’argent. Une nécessité lorsque l’on constate que plus d’un cinquième des Belges de moins de 34 ans (21,9 %) indique avoir fait appel à un organisme d’aide sociale pendant la crise. Parmi ceux-ci, 10 % se sont adressés au CPAS de leur région, et 6,5 % se sont tournés vers la Croix-Rouge.
“Il y a un an, nous lancions un cri d’alarme, en constatant une nette augmentation des demandes d’aide : nous avertissions que nous allions tout droit vers une crise sociale majeure. Un an plus tard, la Croix-Rouge est toujours une bouée de sauvetage pour un public grandissant : des étudiants qui ont perdu leur job, des indépendants qui n’ont pas droit au chômage et ne reçoivent pas toujours les aides de l’Etat… Des personnes qui étaient déjà fragilisées avant la crise, en occupant des emplois précaires, sont désormais sur le fil de la précarité. Nous avons nous-même besoin d’aide, alors que nos ressources ont diminué suite à la crise covid, et nous sommes heureux de constater qu’une majorité des Belges garde le cœur sur la main, malgré ces temps difficiles. Faire un don, c’est vital pour poursuivre nos actions d’aide aux plus démunis”, déclare Nancy Ferroni, Porte-parole de la Croix-Rouge.
Pour poursuivre et renforcer toutes ces actions, la Croix-Rouge a besoin d’importants moyens financiers.
(1) Enquête réalisée par l’institut de sondage iVox auprès de mille Belges francophones entre le 1er et le 8 mars 2021