#BrusselsAttacks - Découvrez le témoignage de Pierre
#BrusselsAttacks – Découvrez le témoignage de Pierre
Pendant une semaine, nos volontaires mobilisés pour les attentats du 22 mars témoignent.
Pierre est responsable du service de secours de la section locale de Woluwé-St-Pierre. Il est élève infirmier en 3e année. Le 22 mars, il fêtait son anniversaire…
« Le 22 mars 2016 a commencé comme tous les 22 mars de ces 35 dernières années. Je me réveille, mon épouse m’embrasse, mes enfants me sautent au cou en me souhaitant… bon anniversaire. Il est 8h quand j’arrive à l’école pour suivre mes cours afin d’obtenir mon diplôme en soins infirmiers. Et comme chaque 22 mars mon GSM, mis sur silencieux, vibre à la cadence régulière des messages et des appels d’amis et de connaissances qui me souhaitent un bon anniversaire.
Quand sonne la pause, à 9h, je vois que mon adjoint au service de secours m’a téléphoné trois fois. Je le rappelle et c’est là que j’apprends que ça a pété à Zaventem. Au retour de la pause, mes deux amies de cours, Emilie et Shanice, complices Croix-Rouge et secouristes comme moi, m’attendaient avec le reste de la classe avec un petit gâteau orné d’une bougie… Ma mine est sombre, elles savent tout de suite que quelque chose ne va pas. J’annonce à mes deux volontaires que nous partons sur Zaventem. Finalement, c’est à l’hôtel Thon que nous sommes envoyés.
Nous sortons du véhicule. Ce qui me choque en premier c’est cette odeur de plastique brûlé, de chair brûlée. Cette odeur ne me quitte pas.
La première de nos missions est de monter des perfusions. Une dame hurle de mal, je n’oublierais jamais ce cri de détresse.
Deux de mes volontaires vont aider aux soins, deux autres vont accompagner les victimes moins atteintes dans les bus de la Stib vers les hôpitaux. Moi, j’ouvrais les sacs individuels de matériels « cata » pour répondre aux nombreux besoins de perfusions, de morphine, de bandages, de seringues. J’ai commencé à ranger sur une table tout le matériel afin de faciliter la recherche d’équipement demandé par le personnel soignant. J’ai tenu mon « petit magasin », comme il a été appelé, jusqu’à 14h.
Au moment où nous nous apprêtions à quitter l’hôtel Thon, il nous a été demandé de nous mettre à l’abri à nouveau car un colis suspect a été repéré. C’est à ce moment-là qu’une sueur froide vous glace le dos, vous vous dites « ma propre vie est en danger, dans quoi je me suis fourré »…
Après cette journée, la plus grande difficulté pour moi fut de voir « mes » gars affectés par la situation, par ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont fait. Je me sens responsable de leur détresse ».