Attentats: 9 bénévoles Croix-Rouge à la cérémonie d'hommage au palais royal
Attentats: 9 bénévoles Croix-Rouge à la cérémonie d’hommage au palais royal
C’est dans un lieu hautement symbolique, la salle du Trône du palais royal de Bruxelles, qu’une délégation de neuf bénévoles de la Croix-Rouge, secouristes et membres du service d’intervention psycho-social, se retrouve ce dimanche 22 mai, deux mois jour pour jour après les tragiques attentats de Bruxelles. Le palais royal et la chancellerie du Premier ministre ont souhaité les remercier, ainsi que tous les services d’intervention, au cours d’une cérémonie sobre, en présence de victimes et de leurs familles. Au total, entre 500 et 600 invités sont conviés au palais royal.
« Cette cérémonie officielle est nécessaire »
Yves est bénévole au service d’intervention psychologique d’urgence. Il se souvient : Le 22 mars, j’ai entendu un flash info à la radio, je me suis douté tout de suite que j’allais être appelé et j’ai aussitôt contacté le service pour dire que je me rendais disponible…
J’ai d’abord été envoyé au centre d’appel téléphonique de Louvain (1771), puis vers l’aéroport pour aider les passagers en transit. Le lendemain, j’étais au centre d’accueil des familles à l’hôpital militaire. J’y ai passé le reste de la semaine jusqu’au samedi soir. Je garde du 22 mars le souvenir d’une journée passée dans le « non-temps »…. Le souvenir d’un immense chaos, renforcé par l’impossibilité de communiquer. Je revois une vieille dame étrangère désorientée qui devait prendre un vol pour les Etats-Unis, qui ne parlait qu’un dialecte africain, quasiment pas d’anglais, à qui il était très difficile d’expliquer quoi que ce soit. Je revois aussi des images de gens qui retrouvent un proche, un moment de joie dans un océan de tristesse. En ce sens cette cérémonie officielle est nécessaire, elle devrait permettre à certains de faire leur deuil, de prendre conscience qu’au milieu de leur souffrance, ils ne sont pas seuls.
« Il y a eu une solidarité incroyable »
Emilie, qui est neuropsychologue à Saint-Luc, est aussi secouriste. Elle était en route vers le travail, le 22 mars, quand elle a entendu les infos à la radio: Sur le trajet pour rejoindre mon équipe, j’ai appris l’explosion à Maelbeek. C’était irréel, la ville semblait en guerre, il y avait des sirènes partout et l’armée était déjà dans la rue. Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, car certains de mes proches pensaient que j’avais pris le métro pour me rendre sur place. Très vite nous avons pu intervenir et aider les victimes au poste de secours improvisé dans l’hôtel Thon, proche des lieux de l’attentat. D’autres équipes de secours étaient déjà là. J’ai pu apporter une aide plus spécifique au niveau psychologique lorsque certaines victimes, en état de choc face à leurs blessures, devaient être ramenées au calme afin de pouvoir leur procurer les premiers soins. »
« Malgré la difficulté qu’a pu représenter cette journée, je garde le souvenir d’une parfaite collaboration entre tous les services de secours. Tout au long de notre intervention à Maelbeek, je n’ai pas arrêté d’être étonnée de la fluidité des échanges entre les équipes. Il semblait régner une sorte de « télépathie » ambiante. Peu importe la langue des intervenants, peu importe l’appartenance à une équipe de secours particulière, tout le monde communiquait rapidement et efficacement. Il y a eu une solidarité incroyable dans ce moment difficile. Les victimes les plus valides aidaient spontanément les autres personnes en difficulté, les gens se réconfortaient les uns les autres, et beaucoup de personnes non impliquées, mais qui se trouvaient dans la zone aidaient comme elles pouvaient. Deux mois après les évènements, cette solidarité humaine est la chose la plus importante dont je souhaite me souvenir aujourd’hui.
Après les attentats, continue Emilie, de nombreux citoyens ont souhaité rendre un hommage aux victimes : Mais j’ai l’impression que l’on n’a pas ressenti d’unité nationale au sens propre du terme. La cérémonie au palais est importante, car elle vient souligner cette unité. La famille royale et le gouvernement témoignent de leurs hommages aux victimes, mais également aux différents services de secours et c’est important pour tous les citoyens belges de savoir que ce soutien est présent. Il ne s’agit pas uniquement de partager notre chagrin, mais aussi de montrer notre force et notre détermination face à toute forme d’hostilité présente dans notre société aujourd’hui.