Bruxelles, un secouriste témoigne : « j'ai ressenti l'envie de parler »
Bruxelles, un secouriste témoigne : « j’ai ressenti l’envie de parler »
André, 35 ans, a d’abord été pompier professionnel avant de devenir ambulancier. Depuis huit ans, il est aussi secouriste et ambulancier volontaire à la Croix-Rouge, à Bruxelles.
« A 8h40, j’ai été envoyé avec une ambulance vers Zaventem »
Il était au boulot depuis 7 heures, de garde ambulance, le mardi 22 mars, quand il a entendu les infos. D’emblée, il a prévenu son employeur qu’il se mettait à disposition de la Croix-Rouge pour apporter son aide aux nombreuses victimes.
« A 8h40, j’ai été envoyé avec une ambulance vers Zaventem, quand, alors qu’on était en route, on a été dérouté vers la station de métro Maelbeek », se souvient André, une semaine après les attentats.
« Quand je suis arrivé rue de la Loi, j’ai tout de suite vu les blessés sur le trottoir, une ou deux ambulances étaient déjà là. J’ai immédiatement amené un premier blessé au poste de soins aménagé dans un hôtel proche. J’ai aidé au poste de secours avec mes collègues, puis, on n’a pas arrêté de transférer les blessés vers les hôpitaux. Des allers-retours non-stop. J’ai fini à 23 heures ce mardi-là. »
« J’entendais à nouveau les gens crier « aidez-moi, aidez-moi » »
« Le lendemain soir, vers 19h, nous avions une réunion à la Croix-Rouge pour évoquer les faits avec des spécialistes de l’intervention psychologique, mais à ce moment, j’avais encore toute l’adrénaline en moi, c’était trop tôt pour exprimer mon ressenti. En revanche, par la suite, j’ai vraiment exprimé le besoin de parler. J’étais parti au travail normalement, mais les flashs sont arrivés : j’entendais à nouveau les gens crier « aidez-moi, aidez-moi ». J’ai parlé avec des amis, la famille, les collègues. J’ai demandé à mon employeur de rester chez moi le jour suivant, je n’ai pas allumé la télé de la journée, je suis resté là, à écouter de la musique calme ».
André confirme à quel point le mardi 22 mars restera dans sa mémoire. «Ça restera un choc énorme. On a beau être professionnel, avoir déjà vécu des situations graves, on ne peut pas dire que face à tant de détresse on ne ressent rien. Dans ma tête, quand j’étais confronté aux victimes des attentats, j’essayais de me dire que j’étais comme dans un film, que ce n’était pas la réalité, je tentais de maîtriser mes sentiments, de me concentrer exclusivement sur ce qu’il fallait faire. Je n’ai pas ressenti la peur, j’ai beaucoup pensé à ma femme. »
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